La soirée du 6 octobre a été un succès. En fin d’après-midi, la météo nous a épargné, le vent est tombé et la pluie n’est arrivée que quelques minutes après la fin du concert. Cent cinquante personnes ont suivi tout ou partie de la performance de quarante minute de Vincent Laubeuf ce qui est énorme pour une petite ville comme Aouste-sur-Sye et pour une forme musicale marginalisée et réputée élitiste comme l’est souvent la musique acousmatique.
Ce succès est dû en partie au cadre
remarquable offert par le Théâtre de Verdure.
Mais surtout à la prestation
remarquable de Vincent Laubeuf auteur et interprète des deux
compositions originales présentées pour la première fois en
concert. Le public s’est déclaré enchanté de l’expérience
vécue. Seules quelques familles, accompagnées de jeunes enfants,
sont parties avant la fin.
Une petite centaine de personnes a
assisté au vernissage, dans la salle des fêtes parmi lesquelles
plus de 20 ont accompagnés Vincent Voillat pour une visite commentée
de son exposition « Au Centre les Pierres » à la Médiathèque
voisine.
La suite de la soirée a été, comme
promis, dansante et festive.
Dimanche soir il sera possible d’assister :
à une
intervention hybride entre concert, installation et performance
sonore du compositeur Vincent Laubeuf (à 17h., durée 40’) qui
permet de retrouver les ambiances du parcours sonore Flâner dans
des Mondes Parallèles, ici rassemblées en un seul lieu ;
au vernissage
officiel de Mondes parallèles, en présence du Maire et des
personnalités invitées,
à
une
soirée festive (bar, buffet, musique)
et dansante grâce
à un DJ surprise.
Par ailleurs les deux autres événements de Mondes parallèles, peuvent se visiter jusqu’au 4 novembre 2019
AU CENTRE LES PIERRES Une exposition de Vincent Voillat
Médiathèque d’Aouste-sur-Sye.
Passionné par la géologie, l’artiste
plasticien Vincent
Voillat place
l’humain au cœur de sa pratique. L’exposition Vincent Voillat
déploie trois strates spatio-temporelles et convoque des fragments
de récits, géologiques, écologiques, historiques, mythologiques,
humains et personnels. Les échelles spatiales et temporelles
s’entrechoquent, continents, massifs, forêt, centaines de millions
d’années, dizaines de millions, dizaine de milliers pour la
présence humaine à Saoû, milliers d’années pour les souvenir
humains, décennies pour la Résistance. Pourtant une pierre, une
branche, un récit nous y ramène à ce lieu et à ces histoires que
l’artiste met en parallèle.
FLÂNER DANS DES MONDES PARALLÈLES Un parcours sonore de Vincent Laubeuf Des photographies de Jean Larive
Le long de la Drôme de la rive gauche de la Drôme Vincent Laubeuf, directeur artistique du festival Futura, invite le public à une flânerie – enrichie par l’écoute géolocalisée d’un environnement sonore qui se déploie dans l’espace et le temps – le long de la rive gauche de la Drôme à partir de la Médiathèque d’Aouste-sur-Sye. Muni de son téléphone portable et d’écouteurs, le flâneur accède à l’œuvre sonore à l’aide de l’application SoundWays, disponible sur App Store et Play Store. Jean Larive propose sur le même parcours quelques images, en grand format, de la série photographique, ouverte et inachevée, La Vue Sauvage [1] – Fragments D’osvaldo.
Remerciements : Bruno
Catalano (Aouste), Darty (Aouste), NDC 26 (Aouste), restaurant
l’Oiseau sur sa branche (Saou), Brasserie Jean- Louis (Valence),
Jardinerie Bretière (Crest), Gamm’Vert Passion Nature (Crest),
collectif Mu (Paris).
AU CENTRE LES PIERRES Une exposition de l’artiste plasticien Vincent Voillat Médiathèque d’Aouste-sur-Sye, du 20 août au 4 novembre.
FLÂNER DANS DES MONDES PARALLÈLES Un parcours sonore le long de la Drôme proposé par Vincent Laubeuf. Au long de la Drôme de la médiathèque d’Aouste-sur-Sye à l’espace Soubeyran à Crest Des images de Jean Larive Au long de la Drôme D’août à novembre 2019.
MONDES PARALLÈLES AU THÉÂTRE DE VERDURE Performance sonore de Vincent Laubeuf Théâtre de verdure, face à la mairie d’Aouste-sur-Sye Dimanche 6 octobre 2019 à 17h.
AU CENTRE LES PIERRES
Vincent Voillat
Le travail produit l’an dernier en vue de
l’exposition Des roches courbes et une Fêlure, la Forêt de
Saoû présentée du 22/08 au 02/09 2018 à la Galerie espace
liberté (Crest) est prolongé dans l’espace (Pangée et Vercors)
et le temps (de la formation des continents à la Résistance dans le
Vercors). Il y a environ 290 millions d’années, la terre n’avait
qu’un seul continent, la Pangée, avec une faille centrale. Une
découverte géologique situerait le village de La Baume Cornillane
au centre de scission et placerait la Drome au centre du monde). Il
traitera aussi du Vercors autour du thème de la résistance.
L’exposition déploie trois strates
spatios-temporelles et convoque des fragments de récits,
géologiques, écologiques, historiques, mythologiques, humains et
personnels dont l’épicentre est la forêt de Saoû. Sur ce site,
les poussées tectoniques successives combinées aux qualités
spécifiques de l’empilement de ces roches ont contribué à former
ce paysage contradictoire et exceptionnel.
Les forces en présence ont soulevé
perpendiculairement les parois rocheuses, plissant la roche formant
ainsi ce bassin fermé sur lui- même, protégé par de hautes parois
verticales sur son pourtours. À partir de ce spectaculaire phénomène
géologique qu’est le synclinal perché, l’artiste vient
collecter des pierres qu’il trouve sur ce site ainsi que les récits
qu’abrite ce paysage. Il joue de la superposition en strates de ces
différentes histoires, celles des hommes et celle des pierres,
dessinant alors un destin commun. Le minéral sert de catalyseur et
de réceptacle à ces différents récits.
Les œuvres semblent interroger la sympathie qui
apparaît entre les formes complexes du monde minéral et les figures
de l’imaginaire humain. Il aborde des notions de mémoires
individuelles et collectives, de croyances, de paysages, d’écologie,
afin de mieux remettre en question notre regard anthropocentriste, en
évitant l’écueil d’une explication déterministe, voire
mécaniste, du vivant, comme une tentative de rétablir un équilibre.
Médiathèque d’Aouste sur Sye. Du 20/08/2019 au 04/11/2019
FLÂNER DANS DES MONDES PARALLÈLES
Vincent Laubeuf , Jean Larive
Le public est invité à une flânerie le long de rive gauche de la Drôme selon un itinéraire partant de la Médiathèque d’Aouste-sur-Sye. La ballade sera enrichie par un environnement artistique sonore et des photographies s’ajoutant aux paysages magnifiques offerts sur ce chemin qui serpente entre rivière et ramières.
Le Festival Futura 2019 a pour thème les « Mondes parallèles ». Les musiques acousmatiques présentées en création dans ce cadre s’inspireront de la science et de ses multivers, de la science fiction et de ses uchronies, des religions et de leurs mondes spirituels, des légendes et de leurs histoires invisibles.
Vincent Laubeuf propose l’écoute géolocalisée
d’un environnement sonore directement inspiré des créations
présentées à Futura. Muni de son téléphone portable et
d’écouteurs, le flâneur accède à une œuvre sonore qui se
déploie dans l’espace et le temps.
La mise en espace du parcours sonore sera réalisée
à l’aide de l’application SoundWays, proposé par le
collectif MU. Disponible sur mobile, SoundWays propose une
écoute spatialisée du son en fonction du trajet, de l’orientation
et de la géolocalisation de l’utilisateur.
Jean Larive propose, en grand format, quelques images de la série photographique, ouverte et inachevée, La Vue Sauvage [1] – Fragments D’osvaldo. Il tente ainsi de retrouver un lien plus direct et plus dynamique avec la nature. Il questionne une relation à cette dernière, qu’il lui a semblé avoir perdu tout comme sa capacité d’émerveillement face aux formes et aux forces qui la traversent. « En travaillant «sur le motif» à la composition de superpositions, il m’importe de m’étourdir de cette proximité sensorielle mais aussi de conserver la mémoire de l’acte même de perception par lequel se construit la «vue» que j’en ai. En jouant de l’accumulation, de la transparence ou de l’enchevêtrement, me reviennent également en mémoire les représentations qui ont éveillé mon sens artistique. »
Au long de la Drôme entre Aouste-sur-Sye et Crest 20/08/2019 – 15/01/2020
Exposition d’une œuvre de Bruno Catalano
À l’occasion de Mondes parallèles et pour la durée de l’événement, Bruno Catalano a offert à sa commune de résidence l’exposition d’une de ses œuvres sur l’esplanade de la Mairie. Mise en place le 20 août, elle peut être vue en empruntant le parcours proposé.
MONDES PARALLÈLES AU THÉÂTRE DE VERDURE
Vincent Laubeuf
Une intervention hybride entre concert, installation et performance sonore spatiale de Vincent Laubeuf restituera le climat général du festival Futura 2019. Il sera ainsi possible de retrouver les ambiances constitutives du parcours sonore entre Crest et Aouste mais ici rassemblées en un seul lieu. Cette nouvelle narration, à l’aide d’un acousmonium, fait côtoyer les divers mondes parallèles et sera proposée, en première mondiale au public. Un acousmonium est un « orchestre » de haut-parleurs – disposé en face, autour et dans le public – destiné à l’interprétation en concert des musiques composées dans un studio électroacoustique et fixées sur un support audio. Il a pour vocation d’être dirigé par un interprète qui projette une œuvre sonore ou musicale dans l’espace. C’est un outil multiforme qui peut changer d’une fois sur l’autre pour s’adapter aux œuvres et aux circonstances.
Esplanade de la mairie d’Aouste sur Syes. Dimanche 6 octobre 2019 à 17h. (replis dans la salle des fêtes en cas de mauvais temps).
Le vernissage officiel de Mondes parallèles, aura lieu dans le prolongement du concert, en présence du Maire et des personnalités invitées. À cette occasion, les organisateurs vous promettent une surprise. Le vernissage sera suivi d’un buffet.
La suite de la soirée sera festive et dansante
Le point de vue du commissaire
L’émergence d’un thème
Précisons que nous ne distinguerons pas ici
mondes parallèles, multivers et mondes multiples. L’idée d’un
ensemble d’univers n’est pas nouvelle. On peut la faire remonter
aux Templiers (1119-1312) qui se disaient entre autres … Gardiens
d’une autre terre. Au début du XVIIIe siècle, Newton, esquissait
l’idée métaphysique que Dieu aurait très bien pu créer en même
temps plusieurs mondes, avec des lois différentes. En physique,
l’idée de plusieurs univers prend son essor dans les années 30,
puis est développée dans les années 50 par Hugh Everett (1930 –
1982) et sa « théorie des mondes multiples », des univers
séparés, différents, inaccessibles entre eux. Cette conception du
monde resterait strictement métaphysique si l’on entend le terme
parallèle au sens de la géométrie d’Euclide pour lequel elles ne
se rejoignent jamais. Pour la géométrie de Desargues (et nombre de
géométries ultérieures), les parallèles se rejoignent en un
point, le point à l’infini. Everett a une idée du même ordre : si
plusieurs univers ont été « créés » par le Big Bang, ils
ont laissé une trace dans le nôtre. Une sorte de radiation que l’on
doit donc pouvoir détecter, analyser, décrypter.
Si les prédictions de la physique quantique ont
jusqu’ici toujours été vérifiées par la mesure, les théoriciens
peinent à donner un sens fort à cette théorie. Le profane, lui,
voit des spéculations, souvent déroutantes s’appuyant sur un
appareil mathématique impénétrable pour le commun des mortels. La
physique quantique échappe totalement à nos intuitions ordinaires.
Elle impose de renoncer au déterminisme de la physique classique au
profit d’une vision probabiliste, de considérer que beaucoup de
grandeurs apparemment continues sont en réalité discrètes et enfin
d’admettre que certaines particules sont comme douées d’ubiquité,
elles peuvent se trouver dans plusieurs lieux ou, plus précisément,
dans plusieurs états à la fois. Aujourd’hui l’abandon du
déterminisme ne fait guère problème, on sait qu’il n’est
généralement pas applicable à des phénomènes très complexes (la
turbulence en physique, les phénomènes sociaux, …). C’est la
radicalité de cette mise en cause qui est le trait de la physique
quantique le plus difficile à appréhender. Le résultat du jet d’un
dé est aléatoire et suit une loi de probabilité facile à saisir.
Par contre, ce résultat, une fois le dé immobile est parfaitement
déterminé et toutes les personnes présentes pourront le connaître.
Ce n’est plus le cas en physique quantique où l’observateur est un
protagoniste actif du processus. L’ubiquité, elle, n’existe pas à
notre échelle. Ce sont ces paradoxes qu’illustre parfaitement la
célèbre expérience de pensée du chat de Schrödinger.
L’interprétation de Hugh Everett est radicale :
à chaque interaction d’un système quantique avec un système
classique se produirait une bifurcation en plusieurs univers
parallèles. Autrement dit, existerait un monde où le chat est mort
et un autre où le chat est vivant, ces deux mondes étant bien réels
mais n’interagissant plus entre eux ! Les événements de ce type
étant innombrables, les mondes parallèles pulluleraient. A priori
déraisonnable cette vision est pourtant jugée correcte par un
nombre croissant de physiciens théoriciens. Bien qu’aucune
expérience ne la confirme à ce jour, cette vision possède les
qualités de sobriété, de cohérente et d’élégante attendues
d’une bonne théorie.
Les chemins de l’inconscient que nous empruntons
chaque soir nous conduisent parfois à nous interroger, au réveil,
sur les mondes visités dans notre sommeil. La science fiction s’est
largement inspiré de ce thème permettant des rencontres improbables
mais aussi le développement d’uchronies.
Le Festival Futura a choisi, pour son édition
2019, ce thème des « Mondes parallèles » et invité les musiciens
candidat à la sélection à s’en inspirer pour les créations
proposées. En partant de là chaque compositeur peut inventer sa
propre histoire scientifique, spirituelle ou fantaisiste !
Un parcours sonore, c’est la rencontre de mondes parallèles
Le parcours sonore le long de la rive gauche de la
Drôme, proposé par Vincent Laubeuf, directeur artistique de Futura,
sera réalisé à partir de ces œuvres et inclura des fragments de
ces créations. Le parcours sera littéralement parallèle à la
rivière mais les sons proposés ne commenteront en rien le paysage
rencontré. Ce dernier n’illustrera pas d’avantage l’univers
musical. C’est au travers de la flânerie, de la dérive et de
l’invitation à la rêverie qu’ils déclenchent que se
rencontreront paysage et musique dans une étrange résonance.
En dépliant la musique de l’espace clôt du
concert acousmatique vers la libre balade en extérieur le
compositeur / interprète ne maîtrise que l’espace et le temps des
fragments choisis, laissant à chaque spectateur la liberté
d’aborder la globalité de l’œuvre là ou il le souhaite, dans
la direction qu’il choisit et à la vitesse qui lui convient. À
moins de se mouvoir de concert deux spectateurs ne traverseront pas
rigoureusement le même monde sonore. Le dispositif SoundWays est
incontestablement source de mondes multiples.
Jean Larive La Vue Sauvage [1] – Fragments D’osvaldo
Jean
Larive propose, en grand format, quelques images,. Il tente ainsi de
retrouver un lien plus direct et plus dynamique avec la nature.
L’exposition des images choisies par l’artiste
de cette série photographique,
ouverte et inachevée centrée sur la rivière Drôme sur les rives
mêmes de la Drôme sans qu’il soit possible d’identifier les
lieux de prise de vue place d’emblée le spectateur dans un monde
parallèle. Le travail de Jean Larive, ses superpositions qui
rompent l’unité de temps et de lieu que l’on attend d’une
photographie renforcent encore cette compréhension. Le sectateur
navigue entre les espaces / temps des ramières, des images et de
l’univers sonore proposé.
Une performance qui retourne à la forme du concert
Cette année, Vincent Laubeuf, qui avait proposé
un parcours sonore dans les rue de Crest en 2018, ferme la boucle en
reprenant en concert les sons proposés sur le parcours. En
rassemblant en un seul lieu et avec l’unité de temps du concert
les éléments, les ambiances constitutives du parcours sonore entre
Crest et Aouste il crée une nouvelle narration livrant sa propre
perception des mondes que l’on peut côtoyer au long de la
promenade.
Une exposition qui juxtapose périodes et espaces
La Pangée
Le concept d’un continent rassemblant, il y a
plusieurs centaine de million d’années, la quasi-totalité des
terres émergées a été énoncé, pour la première fois en 1912,
par le géophysicien allemand Alfred Wegener (1880-1930). Le nom
Pangée (Pangäa) apparaît dans l’édition de 1920 de son ouvrage
intitulé La Genèse des continents et des océans. En plus des
similitudes de forme des contours des continents, ce sont des
considérations paléontologiques zoologiques et botaniques qui l’ont
conduit à soutenir cette thèse. Wegener ne savait rien des
mécanismes à la base de ce que l’on n’appelait pas encore la dérive
des continents et sa théorie fut rejetée par les géologues de
l’époque. Ce n’est que 40 ans plus tard que des géophysiciens
démontrèrent que cette dérive était liée à la tectonique des
plaques et l’hypothèse de Wegener fut validée. Dans les années
1960, cette théorie s’imposa totalement et devint populaire.
Deux drômois, le médecin et géologue Thierry
Monod (mort en 2015 à Suze) et le masseur kinésithérapeute Charles
Régimbeau (par ailleurs créateur du jardin zen de Montvendre) ont
affirmé, en 2001, que, il y a 240 millions d’années, la France,
plus exactement la Drôme actuelle, se trouvait au centre de ce
méga-continent. Il l’ont placé à la Baume Cornillane, un village
faisant face au granit du massif du Mézenc, et même plus
précisément à l’emplacement d’une roche spectaculaire (dont vous
trouvez l’image ci-dessous) que l’on nomme aujourd’hui la “roche de
la Pangée”. Affirmer avec une telle précision le centre d’un
méga-continent qui a duré 400 million d’années ne peut que choquer
un esprit rationnel. Certains parlent d’un canular, d’autres de
fausse science produite par l’esprit de gens plus soucieux de
métaphysique que de géologie. N’ayant aucune compétence dans ce
domaine, je me garderais de trancher ce débat.
Le contexte géologique du village, pris à
l’échelle de quelques centaines de mètres, est magnifique. La
« roche de la Pangée » symbolise à merveille la fracture du
méga-continent. Depuis 2008, un “sentier de la découverte”
permet de découvrir les richesses de la commune. Oublions la
géologie et laissons nous embarquer dans la dérive proposée. On
découvrira ainsi la “roche de la Pangée” mais aussi les ruines
d’un château construit au XIIe siècle et détruit en 1626. Sous
certains angles et certaines lumières, roches et ruines du château
forment une unité visuelle parfaite. L’hérésie vaudoise avait
touché le pays, au XVIe siècle la Réforme a suivi. Alors, saluons
les déviants en tous genres, poursuivons le fantôme de la
châtelaine Catherine de Cornillan, omniprésent au village, et
vivons au présent l’expérience d’un lieu qui fut le centre du monde
en traversant des centaines et des centaines de millions d’année.
La forêt de Saoû
Il y a environ 80 millions d’années se formait,
en même temps que l’apparition des Pyrénées, le synclinal de Saoû
que l’érosion des deux anticlinaux qui le dominait a rendu perché.
Sur le site de Saoû, les poussées tectoniques successives combinées
aux qualités spécifiques de l’empilement de ces roches ont
contribué à former ce paysage contradictoire et exceptionnel.
Vus d’Aouste-sur-Sye, les Trois Becs qui bornent
à l’est le synclinal de Saoû esquissent la silhouette d’un
visage féminin qui a directement inspiré notre charte graphique
(une création de Grégory Decock).
La cuvette est couverte d’une belle forêt, qui
n’a rien d’un forêt primaire mais qui doit pour une bonne part
la grande variété des essences à la succession des occupations
humaines. La faune et la flore ont prospéré protégées par la
barrière naturelle.
Le Vercors
Cette même barrière naturelle a souvent protégé
des petits groupes dissidents qui s’y sont réfugiés. Dans des
temps plus récents,le Vercors, qui ressemble à une forteresse
naturelle, a lui aussi servi de refuge puis de base de combat avant
que l’armée allemande ne décide d’en finir.
L’exposition
L’exposition Vincent Voillat déploie trois
strates spatio-temporelles et convoque des fragments de récits,
géologiques, écologiques, historiques, mythologiques, humains et
personnels. Les échelles spatiales et temporelles s’entrechoquent,
continents, massifs, forêt, centaines de millions d’années,
dizaines de millions, dizaine de milliers pour la présence humaine à
Saoû, milliers d’années pour les souvenir humains, décennies
pour la Résistance. Pourtant une pierre, une branche, un récit nous
y ramène à ce lieu et à ces histoires que l’artiste met en
parallèle en les exposants à la médiathèque d’Aouste-sur-Sye.